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Vous ne connaissez pas encore le « ping-tennis », mais dans quelques semaines vous n’en ignorerez aucune des finesses. C’est un jeu sportif qui, je pense, est appelé à faire rapidement son chemin dans le monde : je vous préviens que la mode vient seulement d’en être lancée.

Le « ping-tennis » est né dans l’atelier d’un peintre chinois, au dernier étage d’un immeuble de la rue des Plantes. San-Yu, son inventeur, est un jeune garçon qui aime le mouvement, qui a horreur du froid l’hiver, qui craint le soleil l’été, et dont l’imagination est fertile.

Ne voulant pas faire la dépense d’une table de ping-pong, ne pouvant jouer au tennis, puisque sa condition physique le lui interdit, il trouva la formule d’un jeu qui lui permettrait de trouver chez lui les avantages et les agréments de l’un et de l’autre de ces sports.

Il traça sur son parquet un rectangle de 5 mètres 50 de long, de 3 mètres de large, séparé d’une raie médiane dans le sens de la longueur. Il prit pour modèle des raquettes et des balles de ping-pong, allongea le manche des unes, modifia le diamètre des autres ; il tendit un filet — du filet acheté au mètre à la Samaritaine — jugea que 0 m. 46 serait pour ce filet une bonne hauteur et invita des camarades à juger l’œuvre dont il était fier.

Ces quelques privilégiés approuvèrent l’inventeur, qui, pour les remercier, leur offrit un dîner préparé par lui-même, et d’une rare délicatesse. Mais ceci reste en dehors du « ping-tennis ».

Comment ce jeu parvint-il à sortir de l’atelier du peintre chinois ? La question est encore mal résolue. Toujours est-il que j’ai rencontré déjà quelques personnes qui s’y essayèrent et que, hier, j’assistai à un match passionnant entre le champion de tennis Pierre Pelliza et San-Yu lui-même.

Je ne conseille pas ce nouveau passetemps sportif aux arthritiques. Il exige des réflexes rapides et des mouvements brusques. Il faut sans cesse s’accroupir, bondir, se fendre, virevolter. Cela donne chaud et c’est très amusant.

C’est une agréable et complète culture physique. Rien de tel pour faire « tomber » un ventre ou amincir des hanches.

Et puis, c’est si facile à installer : il n’y a qu’à déplacer la commode Louis XVI, ôter la bergère, relever le divan contre le mur, plier soigneusement le tapis de haute laine et avec un rouleau de papier collant — opaque de préférence — à tracer le court.

...Venez donc... on jouera au « ping-tennis ».

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