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...mais celle-ci se joua au ping-tennis

L’hôtel de notre confrère Le Figaro avait revêtu plus que jamais sa brillante parure printanière, étincelant sous des projecteurs puissants aux reflets verts des marronniers hérissés de fleurs blanches.

De l’extérieur, on apercevait devant les fenêtres baignées de lumière des ombres s’entrecroisant mille et mille fois.

« Des ombres chinoises », affirmaient quelques promeneurs attardés.

Et oui, c’était bien des ombres chinoises ou plus exactement ce fut le rendez-vous de la distinguée colonie chinoise de la capitale qui avait répondu à l’invitation de notre confrère.

On fêtait, en présence de S. E. Wellington Koo, la venue à Paris des tennismen chinois qui rencontrent dès cet après-midi nos compatriotes au Stade Roland-Garros pour le premier match de la Coupe Davis.

Tandis que M. Calmette, administrateur du Figaro, et M. Armand Massard recevaient diverses personnalités mondaines et sportives, un match de ping-tennis débutait sur un court tracé habilement sur le parquet d’un salon aux dorures impressionnantes.

« Excellence, mesdames, messieurs, vous allez assister à la naissance d’un sport inédit et vous constaterez que l’on peut jouer au tennis même dans un... appartement », annonçait M. Lambert, président de la jeune fédération.

Bientôt la petite balle de celluloïd voltigeait tel un papillon autour des lustres aux mille feux.

Mais le souple Chinois Sanyu, ému par le succès de cette présentation, avait bien de la difficulté à maîtriser cette petite balle nerveuse que lui renvoyait avec force l’un des espoirs du tennis français, Pierre Pellizza.

Ainsi, ce fut le prélude de la Coupe Davis et la France battait la Chine dans ce premier match international de ping-tennis.

Tandis que Dolly Davis, André de Fouquières, Mme Armand Massard, M. et Mme Krier, le professeur Delbet, Mme E. Calmette, M. et Mme Bein, M. et Mme Frémont, Harry Pilcer, André Roanne battaient un ban en l’honneur des deux joueurs, on voyait bientôt s’élancer sur le « court » Jean Borotra et Toto Brugnon qui lançaient un défi...

Marcel Bernard et le jeune Chinois Choy le relevaient immédiatement.

L’atmosphère du Stade Roland-Garros était retrouvée. Jean Borotra bondissait, se retrouvant à deux reprises en perte complète d’équilibre parmi les spectateurs...

—Vas-y Toto, nous gagnons », car Jean Borotra avait pris le jeu au sérieux, comme s’il s’agissait d’un match de Coupe Davis. Sa « tenue de ville » l’empêchait d’attaquer avec aisance et la glorieuse équipe de double succombait devant le duo franco-chinois M. Bernard et Choy.

Faute de douche, que réclamait notre Basque bondissant, ce fut le champagne qui vint rafraîchir concurrents et spectateurs.

M. Armand Massard levait sa coupe à l’amitié franco-chinoise et, comme président du Comité olympique, s’est réjoui de constater que le sport avait pénétré même dans les salons les plus mondains de Paris.

Déjà l’on voyait Pierre Landry, Christian Boussus, R. de Thomasson, M. et Mme Bein, M. et Mme Philippon, M. Tcheng, Capelle, MM. Petra, André Reichel, Willoughby, Luc Vincent, Rodel, Pierre Lagarde, Roché, L. Hart, Alain Bernard, d’élégantes Chinoises en costume national, d’Horchitz, M. et Mme Hostein, Simonne Goronitchenko, Charles Coutelier, Destremau, s’emparer des raquettes et engager des matches innombrables.

Ce n’était plus des matches de « double » mais des « onze » et des « quinze » autour du filet.

—Quelle magnifique et originale soirée dansante », s’est écrié S. E. Wellington Koo, qui rassemblait et couvait autour de lui ses tennismen Kho Sin Kie, Gordom Lum, Cheng et Choy, ambassadeurs sportifs d’un pays lointain et ami.

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