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Un jeu de salon qui nous vient de Chine et que ne dédaignent pas les champions

Le dernier salon où l’on cause, cela fait bien vieillot. Le premier salon où l’on joue au ping-tennis, voilà du nouveau !

Or c’est à notre confrère Le Figaro que revinrent hier soir le mérite et l’honneur d’avoir le premier salon parisien où l’on jouât au ping-tennis. Dans ce salon, on faisait cercle autour d’un rectangle dessiné sur le parquet en lignes de papier, séparé en deux parties égales par un filet au-dessus duquel des joueurs se renvoyaient une petite balle de celluloïd. Car, comme son nom l’indique, le ping-tennis tient le milieu entre le ping-pong et le tennis : s’il méprise la table, il ne va pas jusqu’à exiger le court.

Le ping-tennis nous est arrivé de Chine par l’un des tout derniers bateaux. Aussi cette petite soirée, d’ailleurs fort élégante, était-elle placée sous la présidence de S. E. Wellington Koo, ambassadeur de Chine à Paris, qui occupait la place d’honneur aux côtes de M. Armand Massard, entouré de nombreuses personnalités parisiennes et des tennismen chinois et français, lesquels, on le sait, s’affrontent aujourd’hui dans la Coupe Davis. Kho Sin Kie, Guy Chang, Gordon Lum, W. C. Choy devisaient joyeusement avec leurs futurs adversaires Borotra, Brugnon, Boussus, Marcel Bernard, Destremau, auxquels s’étaient joints les Raymond Rodel, Landry, Petra, et autres champions des courts, tout en témoignant un vif intérêt à ce tennis-miniature, en bons géants attentifs aux exploits des Lilliputiens.

L’un de nos plus sérieux « espoirs » de tennis, le jeune Pelizza, s’attaqua d’abord en combat singulier au Chinois Sanyu, guerrier du ping-tennis, et réussit à le transpercer de ses balles. Pelizza, bien que Palois, démontra en la circonstance, des qualités de souplesse et de ruse tout asiatiques.

Puis Borotra, Brugnon, Marcel Bernard et le capitaine de l’équipe chinoise de la Coupe Davis Kho Sin Kie, qui n’y tenaient plus d’être réduits au rôle de spectateurs, s’élancèrent, eux aussi, au milieu du salon, raquette à la main. Et l’on assista à un « double » des plus mouvementés qui, pour être moins académique que la démonstration précédente, gagna incontestablement en pittoresque. S’imagine-t-on Borotra, le Basque bondissant, lâché en plein salon ! Ce fut épique. Les balles et Borotra voltigeaient en tous sens, pour la plus grande joie de l’assistance qui, elle aussi, bon gré malgré, participait au match...

Le tout se termina devant un sympathique buffet, où les coupes furent levées à la prospérité du ping-tennis, sans aucun doute appelé à une glorieuse carrière.

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