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Quand Jean Borotra et Toto Brugnon se font battre au « Ping-Tennis »

S. E. M. Wellington Koo, de ministre plénipotentiaire qu’il était, est devenu ambassadeur de Chine à Paris. Le matin, il alla présenter ses lettres de créance au Président de la République. Le soir, il présida, dans les salons du Figaro, la présentation d’un sport nouveau, le « ping-tennis ». Ce fut là son premier acte d’ambassadeur.

C’est que le ping-tennis, fils naturel du tennis et du ping-pong, nous vient de Chine. Comme les échecs, les cartes, le mah-jong et les dominos. Son inventeur est M. Sanyu, un jeune Chinois aux cheveux noirs et au pantalon blanc, qui est aussi un peintre.

Sous les lustres anciens, un filet tendu sur le plancher poli pose une note moderne. Des bandes de papier gommé marquent les limites du « court ». M. Sanyu regarde tout cela d’un œil vif et malicieux, et bavarde avec ses compatriotes. Nombreux, ses compatriotes : le consul général M. Lin-Cheu, le premier conseiller M. Kuo, le premier secrétaire M. Scié-Ton-Fa, l’attaché militaire le commandant Chiang, de jolies Chinoises aux robes fendues sur le côté, sans oublier les joueurs chinois de la Coupe Davis.

Trois mots de présentation, pour préciser que le « terrain » mesure 5 m. 30 sur 2 m. 50, que le ping-tennis augmente les réflexes du joueur, tout en l’amusant et en lui demandant souplesse et jeu de jambes. Et passons à la démonstration.

C’est l’inventeur qui joue contre un Français. Les balles volent, ricochent, effraient les dames, vont casser l’ampoule d’un photographe qui s’apprêtait à opérer. Un jeu serré, méthodique, amusant. André Roanne suit la partie en fumant des cigarettes. Il y a, dans le public, des compétences : Jean Borotra, Toto Brugnon...

Dans le public ? Ouiche ! Pas pour longtemps...

–Mais je ne sais pas jouer à ce truc-là, moi ! Soupire en vain notre grand Borotra.

N’importe : on lui place, presque de force, une raquette dans les mains. Une raquette semblable à celles du ping-pong ; mais plus lourde et caoutchoutée. Une raquette qu’il manie tout ensemble comme un glaive et comme un sceptre. Ah ? On veut qu’il joue ? Eh ! bien, il va jouer !

Et jamais sans doute « jeu » n’aura, à un tel point, été synonyme d’amusement...

Son partenaire ? Brugnon, tout simplement. Le « capitaine » du team national pour la Coupe Davis. Et, contre eux, une équipe junior : le Chinois Chow et le Français Marcel Bernard.

Pour une partie animée, c’est une partie animée.

Par deux fois, Borotra, perdant l’équilibre, prend sur le sol des poses gracieuses et inattendues. Il pirouette, il glisse, il s’étale, pour la plus grande joie des dames et pour sa propre joie. Il rit aux éclats, déclare que l’arbitre est vendu, écrase ses balles sur le mur au lieu de les placer sur le sol, fait des effets de bras au-dessus d’un filet qui ne lui arrive pas au genou, se dépense tant et tant que Brugnon et lui perdent bel et bien la partie, et ne souhaitent plus qu’une bonne douche réparatrice.

On ne peut, hélas ! leur offrir qu’une douche intérieure, puisqu’il s’agit d’un tennis d’intérieur. Et c’est au champagne qu’ils doivent demander de nouvelles forces.

Tandis que Armand Massard porte un toast à l’ambassadeur de Chine ; qu’un journaliste demande à Dolly Davis ses pronostics pour la Coupe qui porte son nom ; que Jean Augustin interviewe Destremau ; qu’Harry Pilcer fait tournoyer une raquette dans ses mains ; qu’André de Fouquières croque un petit four ; et qu’une ravissante Chinoise en robe nationale ramasse sur le sol un morceau de papier décollé par la semelle agitée de Borotra sur une des lignes blanches du court—un petit morceau de papier qu’elle conservera comme un souvenir ou comme un fétiche...

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